D’un château à l’autre

Mandelieu n’est pas avare de châteaux. Et ce, depuis des lustres, édifiés notamment pour assurer sa défense.

Le premier d’entre eux est situé sur le mont San Peyre, à 131 mètres de hauteur, ayant vue à 360° sur les alentours. De cette forteresse du XIIe siècle dite d’Avinionet, mentionnée dès 1130 et détruite en 1387 ne subsistent que des vestiges en basalte et grès et pierres d’angle en calcaire de Grasse. Les murs sont complétement arasés à l’exception du donjon, bien ruiné, et de restes de la muraille d’enceinte.

Le second est celui de La Napoule, anciennement d’Avinionet. Il est fait mention du château d’Avinionet dès 1230 Castrum Avinionenti entré dans la puissante famille de Villeneuve originaire de Barcelone. Le deuxième du nom, Romée de Villeneuve est si fameux à l’époque que le poète florentin Dante Alighieri, dans sa Divine Comédie, le fait directement entrer au paradis : « Et dans la perle où nous sommes à présent / brille la lumière de Romée / de qui l’œuvre fut belle et grande et mal reconnue ».

Aujourd’hui, une plaque fixée à l’entrée du château de La Napoule – dont le nom est acté au XVe siècle – qui succéda à cet Avinionet le rappelle : “Raymond de Turenne, ennemi acharné des Comtes de Provence-Anjou ayant en 1387 rasé à l’entrée de l’Esterel le château d’Avignonet, Guillaume de Tourrettes de la Maison de Villeneuve, Vème seigneur d’Avignon éleva celui-ci. Propriété de cette famille durant quatre cents ans, il fut acquis par Dominique de Montgrand sieur de Mazade en 1719. Menaçant ruine au XIXe siècle, il a été sauvé et rénové en 1919”.

Tout est dit. Excepté le patronyme du rénovateur de l’ensemble, Henry Clews. Peintre et sculpteur américain fervent du Moyen Âge, il reconstruit le château dans un style néo-médiéval secondé par son épouse, Mary, qui y créé de splendides jardins. De nos jours une Fondation y accueille des artistes en résidence.

Dernier en date le château d’Agecroft est né en 1918 de la volonté d’un aristocrate anglais, Harry Leland de Langley, le nom évoquant le manoir que la famille possédait outre-Manche. Bâti avec les matériaux trouvés sur place, le porphyre rouge de l’Estérel, sur un terrain surplombant la mer il semble directement émergé du roc et connaît des jours heureux jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Bombardé, endommagé, il est vendu aux Houillères du Nord-Pas-de-Calais qui le réhabilitent et le transforment en centre de vacances dévolu à leur personnel minier.

Les Langley avaient abandonné leur propriété d’Agecroft Hall à Pendlebury dans le comté de Lancaster lorsque l’exploitation du charbon toucha même leur château. Ce dernier fut vendu en 1927 à des Américains qui le reconstituèrent à Richmond en Virginie, colombages compris. Ironie de l’Histoire : après avoir fui le charbon et leur château anglais c’est pour accueillir des gueules noires que les Langley s’échappent de nouveau mais de leur Agecroft mandolocien cette fois !